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Patagonia 2009, le long des glaces du bout du monde. - Actualités voyages - Evènements

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Hiver 2009, 6 mois, 3 000 km en kayak à travers les fjords de Patagonie occidentale. Le vent, la mer, les glaciers, des peuples aujourd'hui effacés.


Patagonia 2009, le long des glaces du bout du monde. LA GENESE D'UNE AVENTURE

Parcourir plusieurs milliers de kilomètres en kayak pour remonter la Patagonie de l'extrême sud à la civilisation ?
Aux sources de notre projet, il y a des aspirations personnelles, intimes. Des lueurs qui nous attirent hors de la routine, qui nous invitent à vivre autrement sans rien fuir, dans un monde que chacun de nous deux essaie, à sa mesure, de changer. Nous nous sommes rencontrés il y a 12 ans, ignorant à l'époque que nous nourririons ensemble la même attirance pour une terre mythique, la Patagonie. Alexandre y voyagerait plusieurs fois pour de longues expéditions à travers forêts et montagnes ; Inti ferait sienne l'histoire d'un bout du monde où se conjuguent des destinées humaines hors du commun et des mers d'exception. Puis tout s'est cristallisé en octobre 2006 : deux hommes mêlant leurs rêves communs, leur soif d'action, Patagonia 2009 était née. Le voyage, difficile mais possible, avait commencé… La Patagonie occidentale s'est imposée par sa force symbolique, alliant une incroyable conjonction géographique de la mer, des montagnes et des glaces, à une solitude extrême. Elle s'est imposée parce qu'elle semble propice, par son exigence et son isolement, la naissance de ce que nous recherchons : intensité, partage, réflexion et sens. Vous trouverez dans le présent dossier la description de ce que sera Patagonia 2009, ce que nous en ferons et comment vous pouvez nous aider…



UN LIEU EXCEPTIONNEL

Grand sud de l'Amérique latine, la Patagonie est le lieu des conjonctions extrêmes. Au sud du Sud, entre les 40e et 50e parallèles, les fameux rugissants et hurlants, ce sont deux océans, l'Atlantique et le mal nommé Pacifique qui s'affrontent sous l'oeil impassible du Cap Horn. Ils s'enchevêtrent en canal Beagle, détroit de Magellan, et autres innombrables langues de mer. Mythiques lieux de navigation, terres presque vierges d'implantation humaine. Les villes, Ushuaïa, Punta Arenas, Puerto Natales se terrent sous les vents puissants et constants, dépassant couramment les 100 km/h. Les courants marins y sont aussi violents que les changements de temps imprévisibles et soudains. Ainsi va le Sud. Puis viennent, plus au nord, les gigantesques glaciers : Sud, Nord et San Valentin, qui représentent la 3e plus vaste masse de glace terrestre au monde. La Cordillère des Andes se fait masse de glace, et vient flirter sur des centaines de kilomètres avec l'océan éclaté en milliers de fjords. Le Golfe des Peines, au nom prémonitoire, adossé aux glaciers et grand ouvert sur l'Ouest, forme comme une frontière tempétueuse vers le Nord. Les côtes accidentées et le terrain glaciaire mènent ensuite, encore plus au nord, à l'archipel des Chonos. Nous serons alors dans l'une des régions du monde à la plus forte pluviométrie. La forêt humide et impénétrable prend le pas sur les glaces, les humains sont encore des ombres lovées dans leurs rares petits villages. Plus de 3 000 km parcourus, entre les glaces, se jouant des vents dominants et de la pluie incessante, depuis le grand Sud jusqu'à la capitale nord de la Patagonie chilienne, Coyhaique.

Jadis, jusqu'au début du XXe siècle, des indiens nomades parcouraient ces contrées, vivant, simplement. Nous ne croiserons pas beaucoup d'hommes ; les villages sont précaires, isolés, éloignés les uns des autres. Quant aux sensations, si nous devons les prédire, elles seront solitude et rudesse, exigence et intense sentiment d'interaction primaire avec les éléments. Ici, c'est par la conjonction d'une volonté assumée de réflexion avec ces sensations brutes que nous espérons dépasser la simple aventure d'agrément.



UN PERIPLE PHILOSOPHIQUE

Des choix géographiques aux moyens utilisés, Patagonia 2009 est placé sous le signe de la remontée : du sud au nord mais surtout d'un si peu humain Cap Horn, à la société, Coyhaique. Notre itinéraire est déterminé par l'ambition de vivre la redécouverte de notre civilisation, d'y réfléchir, de partager et de l'écrire.

Un endroit singulièrement significatif : nous pagaierons là où des peuples indiens aujourd'hui effacés ont vécu pendant des milliers d'années. Remonter, et donc également revivre. Approcher ce que des hommes ont vécu avant de disparaître, pour nous interroger sur ce que les hommes font, leurs interactions, leurs sommets et leurs crépuscules. Nos sociétés modernes uniformisent, taisent et banalisent. Là-bas, les rares humains que nous croiserons entre nos longs îlots de solitude, nous les verrons uniques, curieux ou indifférents, mais toujours intensément. C'est à l'être humain actuel, son rapport à la nature, à nos contemporains, à nous-mêmes, que nous réfléchirons.

Réfléchir pour avancer, pagayer pour réfléchir, défricher et exprimer ce qu'en ville nous n'effleurons que rarement : nous ferons de notre voyage une sorte d'expérience philosophique, poursuivant ailleurs notre démarche quotidienne.

Parce que nous ne voulons pas cantonner notre aventure à une égoïste satisfaction de désirs personnels, nous partagerons. Nous tenterons de transmettre l'idée que, rien n'impose que les rêves et leur réalisation doivent rester raisonnables. Nous tenterons de transmettre l'esprit d'une démarche dont l'âme est la réflexion sur la place de l'homme dans le monde, l'interaction entre les peuples, le sens des civilisations, la société, l'éthique et la volonté.

Gageons que l'isolement et la dureté de l'environnement nous acculeront au questionnement. Que les réflexions qui en surgiront soient fécondes, nous ne pouvons que le souhaiter.



UNE EXPEDITION A 2 ...

Le voyage en solitaire est une notion à laquelle nous sommes, l'un et l'autre, particulièrement attachés. Que ce soit sur mer ou en montagne, nous en avons déjà fait l'expérience : les réflexions et sensations qui se dégagent de tels voyages sont sans égales. L'intensité que cette mise en situation impose est déterminante dans notre démarche de découverte géographique, humaine, philosophique.

La dimension de l'aventure, aussi bien intellectuelle que sportive, le temps passé à l'effort dans les kayaks, la charge de travail en amont et en aval de l'expédition écartèrent pourtant l'hypothèse du périple en solitaire. L'ampleur de ce qui devint Patagonia 2009 et la rencontre de nos envies décidèrent d'une expédition à deux.

À deux, et seulement à deux, car ainsi nous pourrons préserver la quiétude requise par notre volonté de voyageur. Déterminante sérénité pour de simples voyageurs…



... ET SANS ASSISTANCE

Au regard de nos velléités intellectuelles, nous avons décidé de nous écarter du schéma de plus en plus privilégié de nos jours, celui d'une expédition accompagnée d'une lourde infrastructure à gros moyens.

Patagonia 2009 se fera sans assistance extérieure au milieu. Nous ne compterons que sur les moyens locaux pour réussir notre aventure.

Cette rigueur d'organisation s'accorde à notre objectif de réflexion. Nous sommes et serons intransigeants sur l'adéquation entre nos volontés affichées et les moyens employés. Découvrir un milieu, s'y immerger, implique d'en accepter et d'en découvrir ses possibilités.

Cet aspect de notre expédition reflète notre volonté de respect, d'écologie, de temps, d'acceptation de la nature.

Et puis nous ferons ce périple sans assistance logistique afin de se rapprocher des modes de déplacement des Indiens.



UNE EXPEDITION EN KAYAK...

Pour ce périple, nous nous sommes fixés quelques impératifs quant au mode de déplacement :
– répondant aux critères maritimes de l'endroit ;
– sans moteur par volonté écologique ;
– fiable et pouvant être facilement réparable ;
– conforme à notre logique d'autonomie ;
– de faible envergure pour s'intégrer au milieu naturel ;
– respectant notre réflexion et donc adapté à son rythme ;
– et enfin, si possible, en adéquation avec l'histoire et les pratiques de ces contrées.

Le kayak est, sans conteste, le bateau le plus adapté. Il répond aux critères maritimes et seul le bateau à voile aurait pu le détrôner. Mais le voilier serait comparable au vélo de course, alors que nous souhaitons adopter le rythme de la marche à pied. Le kayak répond à cette dimension de découverte de la nature comme de nos propres pensées.

Nous sommes allés à la recherche des bateaux les plus fiables et les mieux adaptés aux conditions de mer : nous avons opté pour les kayaks pliables, permettant les portages et très stables sur l'eau. L'enveloppe ainsi que l'armature sont facilement réparables.

Nous partirons à bord de deux kayaks monoplaces, la solution du biplace remettant en cause le sentiment de solitude et de réflexion que nous souhaitons préserver.



... ET CONTRE LES VENTS

Une des exclamations les plus entendues à la présentation de notre voyage est : “du sud au nord, contre les vents dominants !?”. Mais nous n'allons pas “contre les vents”.

Nous allons du Cap Horn, symbolisant la nature, l'âge originel, l'absence de civilisation, à Coyhaique, symbole de la civilisation actuelle, du progrès technique, de notre société. Nous n'allons contre rien, notre démarche est essentiellement philosophique. La réalité des éléments, vents, courants, pluie, froid, amène sens à notre réflexion, elle ne s'oppose pas à nous, elle participe de notre découverte, de notre aventure. Sud-Nord est le sens “naturel” de notre périple au regard de sa signification.

Au demeurant, les Indiens Alakalufs naviguaient dans ce sens il y a encore quelque cinquante années à bord de canots autrement plus rustiques que nos embarcations.

Nous n'allons à l'encontre de rien, même si notre décision de partir en hiver n'est pas anodine. Le froid fait tomber le vent ; il sera donc notre allié.



LA SECURITE UNE PREOCCUPATION PERMANENTE

Il est certain qu'une expédition telle que Patagonia 2009 comporte certains dangers. Nous partons avec la ferme conviction que les risques sont minimes et tous gérables si nous nous y préparons correctement, grâce à un bon entraînement, à des compétences spécifiques et à un équipement adapté. La sécurité est une gestion du risque.



ENTRAÎNEMENT

L'entraînement au kayak de mer durera deux ans et nous donnera, outre la maîtrise nécessaire de ce type de navigation, une condition physique adéquate. Mais dans une expédition comme celle-ci, le mental est déterminant. Depuis de nombreuses années nous testons nos capacités de réaction, d'analyse, de sang-froid face à des situations imprévues. Chacune de nos sorties en mer ou en montagne, en solitaire ou à plusieurs, est un entraînement à Patagonia 2009.



SUIVI MÉDICAL

Yann Rochas est médecin à l'hôpital de Lorient et nous suit depuis le début de cette aventure. Il nous donne des cours de premiers secours adaptés à nos besoins. Il suivra notre expédition, disponible 24h/24 par téléphone satellite, pour nous épauler dans toutes les situations médicales qui pourraient s'avérer compliquées.



COMMUNICATION

Nous avons décidé de nous munir d'équipements adaptés aux différents stades d'alerte. Prévention : Nous aurons une radio VHF pour recueillir les indications météo radio. Elle nous permettra également d'entrer en contact avec les pêcheurs qui forment un véritable réseau tout au long de notre parcours. C'est auprès d'eux que nous aurons les meilleures informations. Vacations : Nous aurons un téléphone satellite avec une petite équipe à l'autre bout du fil. Yann Rochas, que nous venons de présenter, par ailleurs marin émérite, suivra de près l'évolution météo. Kai Salas Rossenbach, doctorant à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, archéologue spécialisé dans les populations indiennes de la Patagonie chilienne pourra nous apporter ses connaissances du terrain.



Urgence : Nous aurons une balise de détresse satellite à ne déclencher qu'en dernier recours, indiquant exclusivement une demande d'évacuation d'urgence. Le signal sera reçu au CERN, donnant notre position exacte.



ENGAGEMENT ADMINISTRATIF

Afin de pouvoir naviguer dans les eaux chiliennes nous serons déclarés auprès des autorités. Celles-ci imposent diverses règles de sécurité que nous suivrons à la lettre.



BOTTE SECRÈTE

Comme tout bon organisateur, nous avons une botte secrète. Stéphane Colman, alpiniste confirmé, sera en Patagonie durant notre expédition en train d'explorer la chaîne andine. Il sera toujours joignable par l'équipe française et pourra en devenir les yeux et les mains en cas d'urgence.



Source : Dossier de presse
Patagonia 2009
http://www.patagonia2009.com/

Article mis en ligne le 03/04/2009 (lu 3297 - catégorie : Evènements) - Imprimer cette news

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